La Convention CCAMLR établit les bases de la conservation des ressources marines de l'océan Austral. Tout au long de son histoire d'un peu plus d'une trentaine d'années, la CCAMLR a établi des références mondiales pour la mise en œuvre d'une approche écosystémique de l'utilisation durable des ressources marines vivantes.
Ses réalisations sont fondées sur :
- un programme d'observateurs scientifiques en mer, reconnu comme meilleure pratique internationale
- des décisions relatives à la gestion, qui tiennent compte de l'impact sur l'écosystème et de la durabilité des ressources exploitées
- des processus scientifiques rigoureux mis en place pour étayer l'étude des aires marines protégées dans la zone de la Convention
- la combinaison de la surveillance, de l'application des mesures et des contrôles du marché.
Les réalisations les plus marquantes sont les suivantes :
- la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN)
- la création d'une aire marine protégée (AMP) dans l'océan Austral
- la réduction de la mortalité aviaire
- l'établissement du Programme de suivi de l'écosystème de la CCAMLR (CEMP)
- la gestion des écosystèmes marins vulnérables (VME)
Lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN)
La découverte d’activités de pêche INN de légine dans la zone de la Convention au début des années 1990 a suscité une grande inquiétude au sein de la Commission. Face à problème, la Commission a adopté et mis en œuvre tout un ensemble de mesures visant à détecter, dissuader et éliminer la pêche INN. Ces mesures ont entraîné dans la zone de la Convention un déclin de la pêche INN qui a quitté les ZEE des États Membres pour rejoindre la haute mer.
L'ampleur de la pêche INN dans la zone de la Convention reste toutefois entourée d'une grande incertitude. Il semblerait, d'après certaines sources, que sept navires INN pourraient encore fréquenter la zone de la Convention. Certaines informations laissent penser que ces navires reçoivent l'aide d'un navire frigorifique et qu'ils coopèrent entre eux. Des préoccupations demeurent quant à la pêche INN, entre autres l'absence d'informations vérifiables sur les opérations de pêche, le manque d'informations détaillées sur les prélèvements par les navires INN et l'impact des activités INN sur les espèces capturées accidentellement, y compris celles des écosystèmes marins vulnérables. Les membres de la CCAMLR continuent d’œuvrer activement pour éliminer la pêche INN de la zone de la Convention.
La création d'aires marines protégées (AMP) dans l'océan Austral
Les AMP sont des zones marines dans lesquelles les ressources naturelles font l'objet d'une protection totale ou partielle. Elles ont pour objectif de protéger les espèces marines, la biodiversité, l'habitat, les secteurs d'alimentation et les nurseries et, dans certains cas, de préserver des sites historiques et culturels. Les AMP peuvent favoriser la conservation des processus écosystémiques et maintenir la productivité biologique. La CCAMLR utilise les AMP en complément d'autres outils de gestion comme les limites de capture, les restrictions concernant les engins de pêche et la fermeture de zones de pêche.
En 2009, la CCAMLR créait la première AMP en haute mer, l'aire marine protégée du plateau sud des îles Orcades du Sud, une région du secteur sud de l'océan Atlantique couvrant 94 000 km2. C'était la première étape vers l'établissement d'un système représentatif d'AMP dans la zone de la Convention. Il est envisagé de créer d'autres AMP dans le cadre général de l'établissement d'aires marines protégées de la CCAMLR (Mesure de conservation 91-04).
En 2016, lors de la 35e réunion annuelle de la Commission, les Membres se sont accordés pour établir une nouvelle AMP dans la mer de Ross. Cette aire de 2,09 million de km2 dans la mer de Ross qui entrera en vigueur le 1er décembre 2017 conformément à la Mesure de conservation 91-05, sera alors la plus grande AMP au monde.
La région de la mer de Ross possède des caractéristiques d'une valeur écologique et d'une importance scientifique exceptionnelles et le plateau de la mer de Ross est non seulement l'un des secteurs les plus productifs de l'océan Austral, mais aussi l'un des endroits de la planète ou l'on trouve toujours l'entière communauté des grands prédateurs. En outre, la région de la mer de Ross figure parmi les zones de plateau continental des océans de haute latitude les mieux étudiées dans l'hémisphère sud, avec des données de séries chronologiques uniques décrivant l'historique de la région sur le plan géologique, océanographique, climatique et écologique, ce qui offre une occasion idéale pour l'étude des effets du changement climatique dans la région.
Cette AMP contiendra une zone « sans capture » (72% de la surface totale) dans laquelle toute pêche sera interdite. Dans d'autres secteurs de l'AMP, la pêche au poisson et au krill sera parfois autorisée pour la recherche scientifique qui, entre autres objectifs, visera au suivi des changements de l'écosystème qui pourraient être imputés à la pêche, au changement climatique, ou aux deux à la fois.
Réduction de la mortalité aviaire
Depuis 15 ans, la mortalité aviaire générée par les activités de pêche est en baisse. En effet, de quelques milliers d'oiseaux chaque année, elle est désormais pratiquement nulle dans les pêcheries réglementées par la CCAMLR. Pour y parvenir il a fallu mettre en œuvre diverses mesures comme les fermetures saisonnières, la pose de nuit, le déploiement de lignes de banderoles, le lestage des lignes pour accroître la vitesse d'immersion, l'interdiction du rejet des déchets de poissons au filage et au virage et l'utilisation de dispositifs d'exclusion des oiseaux autour du poste de virage.
La réduction de la mortalité aviaire dans la zone de la Convention de la CCAMLR est exceptionnelle, mais les populations d'oiseaux de mer restent vulnérables dans l'océan Austral car il n'est pas obligatoire dans les opérations de pêche au nord de la zone de la Convention de la CCAMLR d'appliquer cette même série de mesures qui permettrait d'atteindre des niveaux de protection similaires pour les espèces non visées.
Réduction des captures accidentelles d'oiseaux de mer – Mise en œuvre effective de la science et de la réglementation (2013)
L'établissement du Programme de suivi de l'écosystème de la CCAMLR (CEMP)
L'« approche écosystémique » de la gestion de l'exploitation commerciale des ressources marines vivantes de l'Antarctique établie par la CCAMLR va au-delà du suivi des effets de la pêche sur les espèces exploitées (espèces visées) pour également mesurer l'impact potentiel sur les espèces dépendantes et les espèces associées.
Les espèces dépendantes sont des espèces qui se nourrissent d'espèces visées ou qui sont affectées par le prélèvement de ces espèces dans le réseau trophique. Les espèces associées sont celles qui subissent en général les effets directs de l'action de pêche, par le biais de la capture accessoire ou de la mortalité accidentelle, par ex.
Afin d'obtenir ces informations, la CCAMLR a établi le Programme de contrôle de l'écosystème de la CCAMLR (CEMP) en 1989. Le CEMP a deux objectifs :
- détecter et relever les changements importants dans les éléments critiques de l'écosystème marin de la zone de la Convention, afin d'avoir une base pour la conservation des ressources marines vivantes de l'Antarctique
- distinguer les modifications dues à l'exploitation des espèces commerciales de celles dues aux variations tant physiques que biologiques du milieu.
Les sites du CEMP peuvent être visualisés sur une carte de l'Antarctique et de l'océan Austral figurant sur le SIG en ligne de la CCAMLR.
Gestion des écosystèmes marins vulnérables (VME)
L'identification des impacts négatifs et des menaces pesant sur les VME (entre autres les hauts-fonds, les cheminées hydrothermales, les coraux d'eaux froides et les champs d'éponges) a donné lieu à une demande d'action à l'échelle mondiale pour réglementer la pêche hauturière de fond. En réponse, la CCAMLR a élaboré des méthodes d'identification des VME et des protocoles de rencontre pour les navires de pêche. Elle a mis en place une série de mesures de conservation pour assurer la protection des VME :
- restrictions sur l'utilisation des engins de chalutage de fond en haute mer dans la zone de la Convention
- pêche de fond dans la zone de la Convention
- mesure provisoire pour les activités de pêche de fond relevant de la mesure de conservation 22-06 dans le cas de la découverte d'écosystèmes marins potentiellement vulnérables dans la zone de la Convention
- protection des écosystèmes marins vulnérables enregistrés dans les sous-zones, divisions, unités de recherche à échelle précise, ou dans les aires de gestion ouvertes à la pêche de fond
Le respect de ces mesures de conservation est contrôlé par le biais du programme d'observateurs scientifiques ainsi que par l'évaluation régulière menée par le comité permanent sur l'application et l'observation de la réglementation (SCIC).